Mouhamed Niang, l’un des premiers ressortissants sénégalais à obtenir le titre d’AICA, a fait preuve d’un solide engagement à l’égard de la profession actuarielle.
Il a relevé de nombreux défis dans son parcours pour devenir actuaire, et il partage son histoire dans l’espoir qu’elle puisse servir d’inspiration aux aspirants actuaires – en particulier ceux et celles qui sont originaires du Sénégal ou qui ont d’autres origines internationales.
Des mathématiques à la gestion des risques
Dès son plus jeune âge, Mouhamed était attiré par le monde des mathématiques. Il se souvient avec émotion d’un commentaire de son père, enseignant, qui lui disait que sa « passion pour les chiffres l’a amené à développer un intérêt pour les mathématiques ».
Mouhamed a poursuivi des études de premier cycle en statistique, mais ce n’est qu’en intégrant l’ENSAE – une institution d’enseignement supérieur en statistique – qu’il a découvert la science actuarielle. Le tournant décisif est survenu lors d’une conférence animée par Cédric Villani, lauréat de la médaille Fields, à l’Université de Dakar. Il y présentait un classement des meilleures professions au monde, parmi lesquelles figuraient les mathématiciens, les statisticiens et une autre profession inconnue de Mouhamed, éveillant sa curiosité.
À la suite de cette conférence, Mouhamed a approfondi ses recherches sur cette discipline mystérieuse et a découvert qu’elle se concentrait sur l’évaluation de l’impact financier du risque. À l’époque, les crises financières mondiales et leurs répercussions – comme la crise de la dette en Europe et la crise des prêts hypothécaires à risque – faisaient l’objet de nombreuses discussions. Il s’est alors rendu compte que ce domaine lui offrait l’opportunité de contribuer à la gestion de ces risques, consolidant ainsi son désir de devenir actuaire.
Un nouveau départ au Canada
L’ambition de Mouhamed de devenir actuaire l’a conduit au Canada en 2014, où il s’est inscrit à une maîtrise en science actuarielle à l’Université Laval. Son choix de poursuivre ses études au Canada était motivé non seulement par l’excellence des programmes actuariels du pays, mais aussi par des raisons linguistiques : étant francophone, le Canada (et plus particulièrement le Québec) était un choix naturel pour la suite de son parcours universitaire.
Avant de s’installer au Canada, Mouhamed s’était renseigné sur les qualifications requises par les associations actuarielles nord-américaines et a entrepris avec sérieux l’obtention des titres nécessaires après sa première année à l’Université Laval. Il a passé son premier examen actuariel en 2015, marquant ainsi le début d’un long mais enrichissant parcours d’examens professionnels.
Défis et persévérance
Le chemin vers l’obtention de son titre n’a pas été sans embûches. Mouhamed a rencontré plusieurs défis, parmi lesquels :
- Une préparation exigeante aux examens : La rigueur des examens actuariels représentait un défi de taille. Toutefois, Mouhamed a surmonté ces difficultés en s’appuyant sur des ressources comme le manuel ACTEX et la plateforme en ligne Coaching Actuaries. Grâce à leurs niveaux de difficulté progressifs et à leurs tests pratiques, il a pu renforcer ses compétences et sa confiance.
- Des contraintes financières : Les frais de scolarité et les coûts des examens s’accumulent rapidement, surtout pour les étudiants et étudiantes internationaux, qui font souvent face à des dépenses encore plus élevées. Trouver un soutien financier est essentiel pour gérer ces défis. Mouhamed conseille aux futurs actuaires d’explorer les programmes de remboursement des universités et les initiatives de soutien aux études proposées par les employeurs.
- Les défis d’un parcours à l’étranger : Le mal du pays et le choc culturel ont également été des obstacles. Il a trouvé du réconfort en rejoignant l’association des étudiants sénégalais de l’Université Laval et en participant à des événements culturels. Il insiste sur l’importance de créer un sentiment d’appartenance pour les étudiants et étudiantes internationaux poursuivant des études en actuariat.
- Échecs et déceptions : Mouhamed a rencontré des échecs tout au long de son parcours actuariel, notamment en échouant à plusieurs reprises à un examen. Il souligne que, malgré les moments de doute, la persévérance, l’adaptabilité et une attitude positive sont essentielles pour obtenir un titre professionnel en actuariat.
« Si vous voulez devenir un actuaire qualifié en Amérique du Nord, vous devez faire preuve de persévérance et garder une attitude positive. »
Réussite professionnelle et contribution au domaine actuariel
L’obtention du titre d’AICA en 2023 a renforcé la carrière de Mouhamed dans le domaine des régimes de retraite et des avantages sociaux. Son travail consiste principalement à offrir des services d’audit, de conseil et d’administration aux employeurs sur les coûts et les risques liés aux régimes de retraite et autres prestations postérieures à l’emploi. Il trouve ce domaine passionnant, car il allie l’analyse quantitative et la nécessité de suivre les évolutions législatives et les tendances du marché, telles que les taux de mortalité et l’inflation.
Mouhamed aspire également à devenir un conseiller de confiance en matière de régimes de retraite et à améliorer la sécurité financière de la population canadienne à la retraite.
Un engagement envers la relève actuarielle
Mouhamed est passionné par le soutien aux futurs actuaires, en particulier ceux et celles du Sénégal. Il est actuellement en discussion avec des écoles d’actuariat au Sénégal pour sensibiliser les étudiants et les étudiantes aux examens actuariels nord-américains et partager son expérience. Bien que cette initiative soit encore en phase de planification, il espère inspirer et guider les jeunes Sénégalais et Sénégalaises vers la profession actuarielle.
Il explore également des opportunités de bénévolat au sein des initiatives internationales de l’ICA, dans l’espoir de soutenir les futurs actuaires et d’agir à titre de mentor auprès de ceux-ci à l’échelle mondiale. Selon lui, les compétences techniques ne suffisent pas pour réussir en actuariat : l’attitude joue également un rôle clé.
« Gardez votre sens de persévérance, soyez adaptable et ne cessez jamais d’apprendre. Le parcours peut être long, mais les récompenses en valent la peine. »
Cet article reflète l’opinion de l’auteur et il ne représente pas une position officielle de l’ICA.